Celui qui ne prend pas sa croix et ne me suis pas n'est pas digne de moi (Mathieu 10, 38-39)

Cette Parole m'a toujours fort impressionnée, et pourtant c'est Jésus qui l'a dite ! Ne pas être digne de lui c'est le refus de communion avec lui, c'est le rejet... Mais c'est terrible ! Oui, c'est vrai, il veut une adhésion totale, un abandon effectif. Ses exigences sont dures parfois ! Il faut les accepter et les vivre, si on veut avoir part avec lui, être digne de lui.
Prendre sa croix : cela englobe toute la vie. Je dois prendre ma croix et suivre Jésus. Oui, prendre : ce mot dit déjà accepter, consentir, ouvrir les mains et les bras pour d'abord l'offrir et ensuite aller avec Jésus. Il m'invite à prendre ma croix, pas la sienne. Il me demande d'assumer la mienne, combien plus légère que la sienne.
Ma croix, cela touche toutes mes déficiences morales et physiques, et elles sont nombreuses. Je dois m'accepter telle que je suis. Ma croix, ce sont tous les événements journaliers, importants ou minuscules, les soucis, les peines, les fatigues, les imprévus, tout ce qui pèse ou qui gêne, tous les fardeaux que la vie met sur mes épaules et sur les épaules de mes frères C'est l'aventure de toute la vie, par un cheminement plus ou moins long, c'est l'exercice d'une patience onéreuse : porté avec amour, tout peut devenir matière d'offrande.
Avec ce poids qui s'alourdit chaque jour, le chemin déjà étroit peut devenir difficile. Mais ce qui est sûr, c'est que Jésus n'est pas loin, il vient à ma rencontre pour me soulager par sa Parole, son Pain, son Esprit. Il me demande de le suivre. La route est tracée. Je vais à la suite de celui qui indique la voie vers le Père et je ne peux ignorer qu'elle a passé par la croix. L'amour, je le sais, veut la ressemblance. Alors seulement est possible une communion. Pour avoir part avec lui, je dois passer par où il est passé. Mais l'héroïsme n'est pas de toutes les heures, il est des moments où on se sent plus vulnérable au moindre choc.
Serait-ce la crainte de ne pas être digne de lui qui me redonnera confiance ? Il me semble que non. D'ailleurs, je sais que je ne serai jamais digne de lui, quoi que je fasse. Seule la gratuité de sa miséricorde peut le faire. Je le crois et je veux croire qu'il ne peut me la refuser. S'il n'en est pas ainsi, j'ose dire que cela n'est pas digne de lui qui se dit tendresse et bonté.
Je sais aussi que rien ni personne ne pourra m'épargner le geste fondamental et décisif que me dicte la phrase suivante « Qui cherche à conserver sa vie la perdra, et qui perd sa vie à cause de moi la trouvera. » À cause de Jésus c'est autre chose que les victimes du fanatisme ou du désespoir. Pas nécessaire que ce soit le martyre, mais je dois donner ma vie jour après jour, telle qu'elle est, non par vanité ou souci d'opinion, mais à cause de Jésus et pour lui. Alors, je retrouverai tout avec lui.
Jésus, donne-moi ta lumière et ta grâce pour que je sache me perdre à cause de toi pour me retrouver en toi.

 

 

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